Zita Swoon Group, Limousine : Ouaga-Bangkok Express

Enchantement de l'Autre et poétique du contact culturel.

Le rock a ses limites, et depuis quelques années déjà Stef Kamil Carlens puise de l'électricité ailleurs.
Toutefois, la tête pensante de Zita Swoon Group ne renie en rien sa jeunesse deus ; simplement, une curiosité intrinsèque le conduit à multiplier les rencontres.
Ici, avec la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker, là avec des artistes visuels.
Le projet du jour s'intitule "Wait For Me", et comporte treize chansons.
Il y a deux ans, au cours d'un voyage en Afrique de l'Ouest, Stef Kamil Carlens a fait la rencontre de la chanteuse Awa Démé et de Mamadou Diabaté Kibié, joueur de balafon.
L'association du blues-folk chamarré de Zita Swoon avec la musique traditionnelle mandingue des deux Burkinabés produit une conversation nord/sud à la fois lucide, passionnée et poétique.
Un exemple parmi d'autres : quand Awa Démé chante l'espoir que représente l'émigration, Stef Kamil Carlens dit la triste réalité de l'accueil qui attend les candidats à l'exil.
Ce spectacle qui va crescendo bénéficie de la grande richesse des rythmes et des sonorités conviés. Avec, en renfort du trio précité, Kapinga Gysel (harmonium, glockenspiel), Simon Pleysier (guitares, banjo), Amel Serra Garcia (percussions), Karen Willems (coktail drum) et Christophe Albertijn (basse).

L'expression est galvaudée mais elle sied sans réserve au projet Limousine "Siam Roads" : c'est une collision musicale entre deux cultures formellement distinctes. Soit la rencontre entre le post-rock panoramique des Parisiens de Limousine avec le Mo Lam, une musique folk du Nord-Est de la Thaïlande.
Cette jonction inédite, mûrie et enregistrée au cours de voyages, est un rêve esthétique de Laurent Bardainne (saxophone ténor, claviers, piano), un désir de réappropriation par les quatre Limousine de "ces transes cotonneuses, ces complaintes nostalgiques, ce blues asiatique incantatoire aux mélodies sublimes et à l'humour malicieux" qui se jouent dans le Mo Lam.
Ce folk dont l'un des motifs est la vie des pauvres des régions rurales est une musique désormais déracinée : il a accompagné les mouvements de migration des campagnes vers les métropoles.
Sur scène, guidé par les sonorités du ponlang, du pin et du khaen du musicien Yodh Warong, Limousine suit les sinuosités du Mo Lam, tandis que défilent les photos d'Agnès Dherbeys qui a saisi les rencontres thaïlandaises sur le vif.