Le résultat est une "intercréativité" plutôt qu'une interactivité, une sorte d'ascèse avec le partage d'une même esthétique dans la spontanéité et le sentiment de la liberté du jazz.

Pierre de Bethmann s'y révèle un musicien romantique qui, conçoit son jeu tout en nuances avec des mélodies et des accords incomplets, voire simplement suggérés, laissant ainsi des trous dans les rythmes et les mélodies qui sont exploités par ses compagnons. Ce style à la fois moderne et inspiré par un classicisme européen, est basé sur l'interactivité, l'imagination et la science du contrepoint.

Bruno Chevillon, par sa science de l'architecture, monte des échafaudages improbables qui me permettent toute les libertés d'expressions dans mes compositions. C'est un adepte d'un jazz expérimental, un esthète de l'improvisation et un dissident de la tonalité.

À priori, rien ne prédestinait Bruno Chevillon de jouer avec Pierre de Bethmann. Seulement voilà : le batteur Franck Vaillant (Lo'Jo, Arthur H, Caroline, Print) est passé par là et a réuni ces deux artistes aux parcours déjà établis (Bruno avec de nombreux projets en compagnie de Marc Ducret, Stéphan Oliva ou Jean-Marc Foltz, Pierre avec Prysm, David El Malek et son projet "Ilium"). En résulte une circulation d'énergies comme on les aime, alternant les contrastes entre mélodies affirmées et passages plus "dirty" (le son "Rhodes", mais pas que) – avec le drumming du batteur/compositeur toujours présent pour alimenter et susciter le discours de ses partenaires.
Un petit bijou dans le paysage des nombreuses créations de ces derniers temps...

Pierre de Bethmann : piano et Fender Rhodes
Bruno Chevillon : contrebasse et effets
Franck Vaillant : compositions, tambours, cymbales et percussions