Baudelaire dit par Balmer - Mon coeur mis à nu

Moi, contrairement à la plupart des spectateurs, je n'ai pas connu Baudelaire par l'école. Je l'ai découvert en autodidacte. Donc, les différents traits de caractère que les autres critiques semblaient découvrir à travers le spectacle me semblent une évidence. Qu'on songe simplement à son poème "Tu mettrais l'Univers entier dans ta ruelle". C'est cela Baudelaire, cette ensemble extraordinaire de contradictions, et cette masse d'ennui et de mepris, voire de heine, qui le font créer d'autres mondes par la poésie et nous y inviter poétiquement. Songeons par exemple aux : "Voyage", "Invitation au voyage", et encore d'autres textes.

Excellente soirée pour les amateurs de grand art, autant au niveau du texte, que de la performance de l'acteur. Jean Français Balmer seul en scène durant 1h30 passant de l'accablement à la colère, de la confidence à la prière, marmonnant, pestant sans que personne ne lui donne la réplique et sans qu'à aucun moment la salle ne paresse s'ennuyer. A prime abord, les textes sont complètement déroutants. J'aime beaucoup Baudelaire ; sa poésie est à la fois belle, très réaliste et comporte une certaine noirceur (c'est sa définition du beau, la sensualité dans la tristesse). Or hier soir les textes joués étaient tirés de son journal intime. Directement nous sommes placés en face d'un homme aigri qui rejette tout en bloc et qui démystifie toutes les croyances de l'Homme ; Dieu, l'honneur, la liberté, le peuple français, la femme... Au passage, on prend Baudelaire pour un affreux misogyne (il y a des comparaisons que je n'ose pas révéler ici). Ensuite il s'en donne à cour joie sur les Belges, pourquoi les Belges ? ça je ne peut pas dire ; je pense que c le passage assez comique du spectacle. Enfin, Baudelaire se livre dans la troisième partie et dévoile sa conception de la vie (cette partie est assez difficile à comprendre et je dois me procurer le texte pour saisir l'ensemble de ses propos). On comprend finalement que tout ceci est un exercice de style, pousser le verbe à la limite de l'audible dans une critique fielleuse qui traduit la sensibilité du poète pour le beau, comme pour la laideur de l'Ame humaine.

C'est un côté de Baudelaire que je ne connaissais pas: misogyne, détestant les Belges...J.F. Balmer, faites-nous vite un autre spectacle avec le Baudelaire qu'on aime ("Voici venir le temps où vibrant sur sa tige"...)!

Il nous montre un Baudelaire mysogine, raciste (surtout envers les belges), critiquant sans argumenter la société de son temps. Bref un Baudelaire qui s'essaye philosophe, mais en colère! On est très loin de ses poèmes...