Nietzsche est un philosophe complètement fou. Et ? Rêvons ensemble. Sa folie appartient à celle d'un oiseau qui tenterait de s'envoler dans une caverne. L'oiseau serait joie, jaillissement, euphorie, poète. La caverne serait solitude, maladie, échec, réel. Mais allons plus loin. Imaginons autre chose. Il y a peut-être près des lacs de l'Italie du Nord, sur les flancs du Monte-Sacro, une caverne. Cette caverne aurait peut-être des parois sur lesquelles seraient gravés des mots, des sons, des images perdus. Cette caverne nous inviterait presque à nous laisser envahir par le regard qui déchiffre l'obscurité, nomme les choses, crée et dit « oui ». C'est le regard de l'artiste, du penseur, de Nietzsche. Car si nous nous souvenons bien, Lou Andréas-Salomé n'a-t-elle pas dit : « Je ne sais plus maintenant si j'ai embrassé Nietzsche sur le Monte-Sacro. » Entendons la folie de Nietzsche d'une manière inattendue. Entendons Nietzsche dans cette caverne qui aurait pu être leur refuge, où les mots se seraient élevés, perdus, pour résonner aujourd'hui le temps d'un instant théâtral.