Arachnées

Au sommet d'une tour où toute ouverture serait bannie ?), clos à la lumière et à la vie et condamnées à filer pour l'éternité, figées sur un banc; pourtant, aucun ouvrage ne semble s'élaborer, il n'y a que des pelotes éventrées saignant de fils blancs sur le sol et deux draps blancs qui s'agitent constamment autour d'elles, ébauches éventuelles de robes rêvées mais jamais achevées ...

Le tableau s'ouvre sur un moment où, lasses et exténuées par cette tâche interminable et absurde qui leur a été imposée, elles tentent péniblement de se remettre à l'ouvrage; les pelotes leur échappent, les cheveux se confondent avec les fils fuyants et leur servent à tisser, les dés à coudre leur tombent des doigts, deviennent bruyants et menaçants comme des insectes qu'elles chassent ou finissent par apprivoiser.
Peu à peu, leur promiscuité devient insoutenable ; l'image de l'autre - qui est vécue comme le reflet de soi-même – est effrayant.