La ville dont le prince est un enfant

Montherlant aborde un sujet très intime dans cette pièce bouleversante dont il conçut le projet dès 1913. Servais, brillant élève, entretient une amitié particulière avec Serge Souplier, un mauvais garçon de troisième.
L’abbé de Pradts a découvert ces sentiments et contraint Servais à y renoncer. Ce dernier donne donc un rendez-vous à Souplier pour mettre fin à une relation ambiguë.
Mais l’abbé, qui s’est attaché au jeune homme, avait prémédité ce rendez-vous secret. Il surprend les deux amis et refuse d’entendre une vérité qu’il connaît. Il veut en fait évincer à tout prix Servais, son rival, et garder pour lui l’affection de Souplier.
Servais est exclu par le supérieur. Mais ce dernier a compris les sentiments que l’abbé nourrissait pour Souplier et décide de renvoyer également l’adolescent. Cette épure est l’une des pièces les plus réussies de Montherlant. Rien de déplacé ni de vulgaire dans cette vision des sentiments, mais une réflexion sur les dangers de l’attachement exclusif.
Tous les personnages émeuvent, même ceux qui, a priori, semblaient méprisables ou vils. La pièce a été créée le 8 décembre 1967 au Théâtre Michel. Son succès n’a jamais cessé.