Le Bonnet du Fou, écrit en 1918, semble projeter les ombres de la vie de Luigi Pirandello, avant tout dramaturge pour la postérité.

Sur fond de Sicile et de vengeance, cette comédie a pour thématique principale ces moeurs hautement codifiés qui régissent vie publique, vie privée et honneur. Un jeu de dupes où le ridicule tue et fournit le prétexte à la sentence : la folie libératrice, source de vérités.

Tous les genres, tous les tons, tous les styles se côtoient dans l'oeuvre de Pirandello, mais son contenu s'articule autour de la relativité du langage et de la raison. La folie lui fournit tout un répertoire de paradoxes logiques et de faux-semblants à travers lesquels il met en scène l'illusionnisme, fondement du jeu théâtral lui-même.

L'alternative de la comédie au drame a été ici préférée pour démêler l'être et le paraître. Choix, également délibéré, d'un mélange de styles et de genres, entre modernité et traditions, afin que cette moquerie sarcastique s'inscrire dans l'atemporalité du genre humain face à la société.
Sobriété des décors, podium nu d'un théâtre de rue, une pièce satirique où tombent les masques puisqu'il n'y en n'a pas : le jeu devient l'essentiel. Une histoire que la vie raconterait en drame. L'art du théâtre la transforme en bouffonnerie où chaque fou porte son bonnet.