Le Songe d'une nuit d'été est une comédie baroque, qui singe l'amour comme le théâtre, " miroir menteur " et moqueur de son double ." Le Songe est la plus érotique des pièces de Shakespeare. Et sans doute dans aucune de ses tragédies et de ses comédies, Troïlus et Cressida excepté, l'érotisme n'est-il aussi brutal.

Ainsi, le songe est un "entre-deux mondes", un "entre mille mondes" : tout y est confusion, doute, mélange, incertitude et, même, selon une tradition qui fait du rêve la voie vers les desseins impénétrables du divin, forme de folie. La raison s'y perd et s'y laisse envahir par des images tremblantes venues des plus lointains confins du monde, voire de l'au-delà – ou, peut-être, de l'en-deçà : du plus intime, du trop intime. Le songe est cette contradiction même : il est bien le plus grand et incroyable voyage, celui qui mène hors de soi, vers toutes les routes, vers tous les mondes ; mais, précisément pour cette raison, il est en même temps ce qui ramène (du moins pour une brève nuit d'été...) - au plus profond de soi. Dans tous les cas : à l'Inconnu.