Pas celui à touristes ou à bobos. Le bistrot populaire, excessif. Ici les gens parlent. Pour eux. Pas besoin de réponse. Quelques regards. Ici on chante, on gueule. On se tait aussi. Très fort. Tout est solitude. Un bistrot ? La conscience du monde. Dans notre spectacle le bar est piano, le piano est comptoir. C'est Noir (Emmanuel Depoix) qui en joue, qui sert les verres.
Blanche (Delphine Grandsart) y est accoudée. Les deux chantent, parlent, se taisent. Comme au bistrot.
C'est le premier tableau.

Puis le piano-bar bouge (il est sur des roulettes invisibles) et s'arrête à mi-chemin du plateau, en diagonale. Chez Dimey on aime les prostituées, on regrette les boxons " on a foutu le bordel rien qu'en les supprimant ". Ici Blanche arrive en déshabillé, c'est la tenancière. Elle éduque ses " filles ", parle des plafonds, rêve de Dame aux Camélias, allume une cigarette, et chante. Noir, accoudé au comptoir, l'écoute et l'aime. En silence.Comme au bordel. C'est le second tableau.

Puis le piano-comptoir s'ouvre entièrement, laissant le plateau quasi nu. Un réverbère avance du fond de la scène. Chez Dimey tout finit dans la rue. C'est le rendez-vous des éclopés, des clochards abandonnés, des enfants perdus. C'est aussi là qu'on gueule, qu'on pleure, qu'on danse, au son d'une ritournelle venue du fin fond d'une ruelle, une guirlande de petit bal perdu accrochée au coeur.

Blanche et Noir y chantent à tour de rôle et puis en choeur le temps passé, l'enfance, l'amour, l'espoir, la vie. Comme des artistes. C'est le dernier tableau.