Comment devenir un homme, une femme, dans une société qui, soigneusement, maintient un silence criminel sur la façon même de créer un homme, une femme ? C'est l'histoire de Moritz, Melchior, de Wendla et des autres : de jeunes adolescents qui tentent de comprendre la vie dans une Allemagne pudibonde, où la morale n'est qu'un outil de répression et où l'éducation sexuelle se réduit à un simple survol de cigognes. Une innocence opprimée, dans un monde bourgeois foisonnant de tabous et de non-dits.

Malgré la gravité du propos, la pièce ne se résigne jamais au tragique. Elle se tourne obstinément vers la vie, le rire et l'insouciance de la jeunesse ; elle oppose jusque dans la mort son espièglerie et sa couleur. Et pourtant, il n'y a pas, dans l'oeuvre de Wedekind, de jugement moral, sentimental ou culturel. Mais un simple constat.

" La vie est affaire de goût ", comme dit Moritz. Parce qu'on ne peut éprouver qu'une profonde tendresse pour ces jeunes gens, dont les parcelles d'existence nous renvoient aux nôtres, à nos joies, nos peurs, nos fantasmes et nos rêves... Apprendre et grandir... en attendant que meure le printemps.