Entre cinéma et théâtre, le collectif américain Nature Theater of Oklahoma, développe depuis une vingtaine d'année un travail artistique protéiforme, singulier et exigeant s'appuyant sur le décryptage de la parole quotidienne.

Seize heures de conversation téléphonique avec Kristin Worral, jeune fille blanche de la " Middle Class " américaine, patiemment enregistrées et retranscrites, sont le socle commun des 10 épisodes de Life and Times. Chacun étant traité dans un medium différent : format film N&B pour l'épisode 7, couleur en cinémascope pour le 8. Néanmoins ce dernier s'apparente également aux codes du théâtre : unité de temps et de lieu, il n'y a eu aucune coupe dans les séquences filmées. Ici, le décalage du playback annule toute velléité de naturalisme documentaire.

Si les codes de la comédie musicale sont souvent repris, c'est en s'éloignant de ses facilités divertissantes (chansons populaires, chorégraphies enlevées...) et pour tenter de répondre à la question : ces codes fonctionnent-ils si on les marie à une histoire de peu d'envergure ?

Autre défi formel, la durée et la scission du récit en épisodes, afin que l'expérience de suivre un ou l'ensemble des épisodes surpasse l'intérêt de la narration. Fortement inspiré par Out1 de Jacques Rivette, la relation avec le spectateur s'éprouve sur la durée.