Les tapis rouges sont déroulés sous les pas des puissants. C'est comme s'il fallait les isoler d'un contact trop brut avec les réalités du terrain. En Afrique, on n'ignore rien de cet apparat. Mais la chorégraphe ivoirienne Nadia Beugré connaît trop bien ce qu'est le sort commun, de tous ceux qui tentent d'extraire du sol un rien de ressources, dont l'essentiel sera détourné par la poignée d'exploiteurs.

Le plateau de Tapis rouge n'est surtout pas un tapis moelleux. Au-dessus de cette terre défoncée, des cordages sont tendus, impliquant des évolutions acrobatiques. Elle-même interprète de cette pièce, Nadia Beugré affiche un tempérament impressionnant, genre de carrure punk, au côté du merveilleux danseur burkinabé Adonis Nebié.
Ils sont rejoints sur le plateau par le musicien européen Seb Martel, pour des échanges complexes et passionnants.

Tapis rouge est une pièce très dense, très représentative d'une nouvelle génération — décomplexée — de la danse contemporaine d'Afrique sub-saharienne.