"Le Cid", c'est d'abord une lutte de générations et l'histoire de deux jeunes gens face aux héritages, aux lois sociales, aux codes familiaux. Si l'alexandrin est un corset, une armure plutôt, c'est pour mieux garantir la posture héroïque qui définit un code de l'honneur qui pourrait s'appeler aujourd'hui la loyauté ou le courage. S'il faut éviter d'être coincé entre un respect béat et une subversion sans fondement, il faut décoller de la tradition, la revivifier, pour ensuite, retrouver la narration. Corneille est un guérillero de l'imagination, toujours ingénieux, souvent génial, parfois gênant.

Composé en 1636, "Le Cid" est probablement joué pour la première fois le 16 janvier 1637. Pour sa mise en scène, Yves Beaunesne a choisi cette version, avec un alexandrin fougueux, archaïque parfois, mais qui ne manque ni de coeur ni d'innocence intrépide.
Cela donne toute la puissance vitale de cette langue et permet de partager avec le public une expérience physique, rythmique et dramatique extraordinaire.
La pièce a suscité à sa création l'une des plus grandes polémiques littéraires françaises. Cette " Querelle du Cid " fut à la mesure du succès, nourrie par une multitude d'écrits pour condamner l'oeuvre ou pour la défendre. Elle trouva enfin son point d'orgue dans un jugement, rendu non sans peine, par l'Académie française. Finalement, ce qui choque et scandalise les censeurs de Corneille, c'est que le mariage de Chimène et Rodrigue est un mariage d'amour.

Si le théâtre est à la fois une larme et un sourire, avec "Le Cid", c'est un torrent de larmes et un rire tonitruant qui vous attendent !