" Une chambre d'hôtel - district de Tenderloin - quartier Michetons - San Francisco. Nous sommes en avril 1988 et Valerie Solanas est en train de mourir d'une infection pulmonaire sur un matelas crasseux et des draps tachés de pisse. Des néons publicitaires roses clignotent derrière la fenêtre, la musique porno travaille jour et nuit. " Extrait de La Faculté de Rêves, de Sara Stridsberg

En s'inspirant du roman de Sara Stridsberg, La Faculté des rêves, Yngvild Aspeli retrace la vie tragique et passionnée de Valerie Jean Solanas. A travers une sublime mise en scène mêlant marionnettes à taille humaine, projections vidéos psychédéliques et percussions magnétiques, la marionnettiste incarne le destin de l'écrivaine, auteure du manifeste S.C.U.M. (Society for Cutting Up Men), un manifeste féministe radical publié en 1967 aux Etats-Unis. Cette hallucination sauvage traduit en images les émotions intimes et la fureur du génie de celle qui fût la plus belle gamine de toute l'Amérique, la diplômée de psychologie internée plusieurs fois dans des institutions pour malades mentaux, la première pute intellectuelle, la femme qui tira sur Andy Warhol sans réussir à le tuer. Un personnage complexe, pluriel, outrancier et absolument humain. Onirique, érotique, dérangeant, fantastique, le spectacle déploie l'immense nuancier de la fureur émotionnelle que peut convoquer la marionnette contemporaine. D'un souffle rageur, ravivant le personnage de Valérie Solanas jusque dans ses méandres les plus intimes, ce spectacle en révèle les deux visages, démentiel mais aussi visionnaire, inexorablement liés. C'est aussi l'oppression qui est donnée à voir, ainsi qu'une révolte, et les formes qu'elles ont pu revêtir ces dernières années.

Une oeuvre complète et singulière, à découvrir.