" Il fut un temps où les gens me donnaient toutes sortes de choses toutes sortes de gens toutes sortes de choses des miches de pain encore toutes chaudes à la sortie du four des biscuits moelleux saupoudrés de sucre glace des trognons de pomme et des boîtes d'allumettes grillées des fleurs jaunes et des paquets en papier kraft retenus par de la ficelle des couvertures et des tasses et des bouilloires et des souliers d'enfants et des plats ébréchés et des bocaux et des bocaux de cendres et de la pluie quelqu'un m'a donné la pluie un jour quelqu'un m'a donné la pluie " Extrait de La Pluie de Daniel Keene

Hanna, vieille dame sans-le-sou, raconte l'histoire de sa vie. Une drôle de vie passée à veiller sur des objets qui ne lui appartiennent pas, à attendre le retour de ceux qui les lui ont confiés. À attendre en vain... Où sont partis ces inconnus - hommes, femmes, enfants - qui sont montés précipitamment dans un train et ne sont pas revenus ? Hanna se souvient avec précision de chaque silhouette. Celle d'un petit garçon, surtout, hante sa mémoire... Le théâtre " pauvre " d'Alexandre Haslé s'appuie sur des masques et des marionnettes portées à l'expression mélancolique, quelques objets glanés dans une brocante. Le marionnettiste fait surgir de l'obscurité les fantômes qui vivent dans l'esprit de Hannah, la gardienne d'une mémoire fragile.

Que deviendront ces souvenirs demain, lorsque Hanna disparaîtra à son tour ? Créé en 2001, La Pluie est le premier spectacle de la compagnie Les Lendemains de la Veille. Il porte l'empreinte grave et poétique d'Ilka Schönbein dont Alexandre Haslé a été le compagnon de route et l'élève. Il marque aussi la première collaboration de l'artiste avec Daniel Keene qui depuis vingt ans s'est imposé sur les scènes internationales. Alexandre Haslé souhaite aujourd'hui reprendre ce grand succès de la compagnie parce que car la question de l'oubli et de la mémoire reste d'actualité. Plus que jamais.

Par la Compagnie Les Lendemains de la Veille