Disparu prématurément au camp de Drancy où il meurt encore de notre oubli, Max Jacob a été capable de tout pour tenter l'impossible. Successivement clerc d'avoué, précepteur, secrétaire, employé puis manutentionnaire et même bonne d'enfants : la vie aura tout fait pour désolidariser Max Jacob de lui-même. Ami des poètes et ami des peintres, il s'engagera sur le chemin sans repère du " je " insaisissable : le voyageur sait-il vraiment qui il est ? Dans la règle de son " jeu ", le voyage se trace avec son sang. En remettant tout en question, en libérant les mots, il tire au sort les idées, confondant les rêves de la nuit et les cauchemars du jour : " J'ai prévu des faits. Je n'en ai pas pressenti l'horreur ". Sa poésie est engagement : il cherche l'humain et l'humain, c'est d'abord une sensibilité. Nous partirons de là, avec pour seule arme les poèmes de Max Jacob dont l'humour, la force et le désespoir nous attirent et nous absorbent. En revivant Max Jacob, il s'agit de quitter le trône qu'occupent habituellement tous ceux dont le désir de pureté est tout ce qui reste.