Ils sont trois, à la fois complices et rivaux, à attendre, tout en jouant, quelqu'un dont ils ne savent rien, dans un univers Beckettien et clownesque, inquiétant et humoristique, qui s'amenuise au fur et à mesure et qui est ponctué régulièrement par un bruit non identifié. Ils n'ont même plus de nom et ne paraissent qu'à peine se souvenir de leur passé.

Tout à la fois, ils peuvent aussi bien être des comédiens en attente de la représentation à venir, des enfants dans la cour de récréation, des malades d'Alzheimer dont la vie peu à peu se réduit à des syllabes, des fous dans l'asile qui se moquent de l'autre pour survivre. Ce sont surtout trois Pieds nickelés, absurdes et drôles, qui oublient tout, y compris d'être malins : on rit de leur façon de se vouloir méchants en étant simplement stupides...

Ce texte est né d'une blague entre amis, d'un pari idiot, et d'une envie d'explorer les possibles du théâtre. Je m'y suis appliqué à construire quelque chose de l'ordre de la quête de Flaubert qui voulait faire un " livre sur rien " : comment construire une pièce sur l'idée de pièce, qui parle de vie tout en parlant de théâtre, de la mémoire, du rapport aux autres, des liens à l'enfance, des écorchures du passé, des cicatrices de vivre, de l'amour jamais défunt mais aussi de rien ? Comment faire évoluer des personnages de théâtre qui ne disent rien d'important et, en même temps, à travers leur échange, disent tout ce qui compte de la grande blessure permanente au coeur des êtres ?

A aucun moment, je n'ai voulu donner de clés d'interprétation, car le spectacle ne peut être que la construction mentale que fabriquent le metteur en scène, les comédiens, et surtout le public.