Savannah Bay
Théâtre de l'Orme

"Marguerite Duras dérange. Elle récréait l'art du théâtre. Tout ce que nous connaissons dans ce domaine devient lettre morte devant son oeuvre qui est une nouvelle genèse annonçant un monde nouveau qui frémit dans un rituel déchirant de mots qui déborde par une esthétique naturelle et unique, annonçant un univers autre. Chaque phonème du texte durasien est sorti d'une racine ancestrale. Le langage français reste derrière, il est réinventé et devient, in fine, une expression, une constante tragique obsessive. Entre les sons de la voix humaine, Duras enfante le silence qui bouleverse le savoir, les clichés, les automatismes coutumiers du dialogue. Silence dans le langage théâtral de Duras signifie inquiétude, souffrance, oubli, souvenir, hurlement, parfois lumière.

Primordialement, Savannah Bay est un espace. Le nom de la jeune fille de 16 ans fusionne avec cet espace aux sonorités exotiques. La jeune femme et Madeleine, lui, la mer, la couleur bleue et encore et encore, se retrouvent et respirent ensemble sous le même ciel, couronnant les sentiments de l'amour et de la mort.

Eh oui, devant la catastrophe vie-mort, la Duras rayonne un panorama funeste, en vous offrant à vous, ses interprètes, une projection théâtrale féroce. Où, quand commence et quand prend fin notre existence? Le rapport réalité-art-théâtre, omniprésent, nous invite à réfléchir et à rêver. Le génie de la dame Duras aujourd'hui, dans notre temps fasciné de connaître, de savoir, ouvre des fenêtres vers une nouvelle lumière : La pureté de la tragédie.
Marguerite Duras fait venir au monde un être insolite qui s'identifie avec son théâtre, nouveau, signification d'une nouvelle renaissance contemporaine" - Laurent Azimioara, Paris, le 6 mai 2019.