Il y a un an que le général Prozorov, officiant dans le chef-lieu quelconque d'une région loin de Moscou, est mort.
Olga, Macha et Irina, ses trois filles, ne songent plus qu'à quitter cette sinistre bourgade où elles dépérissent.
Jeunes, charmantes, sensibles, instruites, "l'ennui les étouffe".

Elles ne sont pas faites pour vivre dans ce trou mais à la capitale. La visite d'officiers leur fait vainement espérer des jours meilleurs et leur donnent un peu de courage.
Elles ne parviennent pas, hélas, à sortir de cette impossibilité à être heureuses. Leurs ambitions, leurs grands sentiments s'abîment, irrémédiablement. Sacrifiées à la province mesquine, elles végètent, tragiquement impuissantes.

Avec Les Trois Soeurs, Tchekhov pensait avoir écrit un vaudeville ! Constantin Stanislavski, qui créa la pièce le 31 décembre 1901, en perçut d'emblée la dimension grave.
Peu à peu, cette vision s'imposa à tous, à l'auteur même. C'est dans ce registre que s'inscrivent subtilement les mises en scène.