Dans cette version d'Antigone, la guerre est terminée. Les frères d'Antigone sont toujours vivants. Ce n'est pas de leur sépulture qu'il va s'agir, mais de leurs parents, Oedipe et Jocaste. A la différence des pièces tragiques écrites sur Oedipe, jamais le mot d'inceste n'est formulé dans celles sur Antigone...

Si elles s'intitulent toutes Antigone, la fille d'Oedipe et de Jocaste n'est jamais le sujet des grandes pièces écrites sur elle ! Le rôle principal est toujours celui de Créon. Rien n'est dit sur elle, ni par elle. A la différence des pièces tragiques écrites sur Oedipe, jamais le mot d'inceste n'est formulé dans celles sur Antigone...

Tous les ingrédients de la tragédie sont là: le choeur (excellent Henri Courseaux), la confrontation Créon/Antigone... mais le point de départ est différent, et nous permet de redécouvrir le cri d'une femme éprise de justice et de liberté, contre tous les obscurantismes. Une Antigone, dans une chaîne de femmes à travers l'histoire, qui ont osé dire, faire, refuser. Des soeurs, des mères, des épouses, des vigies, des aiguillons, des phares, à qui nous devons beaucoup. Une belle version d'Antigone, magnifiquement portée par ses interprètes sur ce plateau nu, habillé de belles lumières...