Lorsqu'il n'est pas à l'autre bout du globe, Cartier-Bresson arpente les rues de Paris, son port d'attache, marchant dans les pas des grands artistes qui brossèrent le portrait de la vie parisienne avant lui. A Paris, le photographe qu'on surnommait " l'oeil du siècle " déambule dans les rues pavées avec son appareil photo à portée de main, toujours à l'affût de figures humaines en action, prises dans des manifestations, dans les jardins publics, sur les quais, isolées ou en groupe, en mouvement ou à l'arrêt.

L'exposition présentée par le musée Carnavalet, qui vient tout juste de rouvrir ses portes, offre à voir des tirages originaux, dont une trentaine d'inédits, ainsi qu'une série d'enregistrements audiovisuels du photographe.

Après des débuts marqués par l'influence du photographe Eugène Atget et des artistes surréalistes, Cartier-Bresson se découvre voyageur au long cours, avec Paris comme port d'attache. Dans cette ville, qu'il ne cesse de redécouvrir, c'est d'abord l'être humain qui l'intéresse. Il le saisit dans la rue ou à l'occasion de rencontres. Il témoigne aussi de grands événements d'actualité comme la Libération en août 1944 et Mai 68. Il gagne, dès qu'il le peut, les lieux de manifestations. A Paris, comme ailleurs, son appareil photo ne le quitte pas. Photographier est une respiration, une affirmation, une protestation parfois. Le photographe ne laisse rien échapper à son regard et flâne aussi bien sur les quais que dans les quartiers populaires, à la recherche de ce fameux instant décisif où les êtres se figent et où la magie opère. Le portrait d'un Jean-Paul Sartre pensif, pris dans la grisaille tandis que se dessine le pont des Arts à l'arrière-plan, côtoie aussi bien le cracheur de feu de la place de la Bastille que le bouquiniste de Notre Dame. Les silhouettes, emmitouflées dans le noir profond de leurs manteaux, se détachent alors des places et des rues ensoleillées, comme si l'appareil de Cartier-Bresson emmagasinait soudainement le souvenir d'une apparition.
Le musée revisite les liens tissés par l'artiste avec une ville où il a toujours habité et qui l'a nourri artistiquement. Ses images parisiennes qui figurent en bonne place dans son oeuvre, témoignent de ses errances mais sont également prises dans le cadre de reportages et commandes pour la presse internationale – souvent Cartier-Bresson n'en retient qu'une image dans ses livres et expositions. Cette mosaïque définit un flâneur particulièrement attiré par les quais de la Seine et le Paris des marges.
Un regard unique sur sa ville de coeur !

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