Un brontosaure déchaîné dévaste Londres, piétinant, écrasant, mastiquant et tuant tout ce qui se trouve sur son chemin... Telle est la prouesse technique qu'accomplissent, en 1925, les réalisateurs du Monde perdu, film muet inspiré du récit de Conan Doyle. Avec ses héros d'un genre particulier – un bestiaire pas très amical venu de la nuit des temps – Le Monde perdu est le premier longmétrage à utiliser la technique du stop motion (ou animation image par image) pour donner vie à ses mastodontes préhistoriques – il occupe à ce titre une place fondatrice dans l'histoire des films à effets spéciaux. Et c'est à une relecture sonore et inédite de ce monstre sacré du cinéma muet que nous invite Rubin Steiner, à l'occasion de sa résidence au centre des arts.

Rompu à l'exercice – on lui doit le cinémix de L'inconnu de Tod Browning –, il compte à son actif une impressionnante discographie, en solo ou accompagné de ses musiciens. Véritable encyclopédie de ce que l'underground musical produit de meilleur depuis les années 1950, il invente des raccourcis géniaux et inattendus entre des créateurs comme Sonic Youth, Pablo Esquivel ou John Cotrane, à l'occasion de mix, de live et d'albums en perpétuel renouvellement. C'est donc avec une légitime impatience que son interprétation du Monde perdu, spécialement réalisée pour le centre des arts, est attendue de tous les mélomanes et amateurs de curiosités sonores.