Place de l'Opéra. Tumulte, embouteillages, concert de klaxons, automobilistes qui s'injurient.
Dans l'indifférence générale, un aveugle voudrait traverser.
Emmuré dans sa nuit, l'aveugle se fait ici voyant et il éprouve en lui-même, avec lucidité, la vie propre de plusieurs personnages. Ainsi est-il habité tour à tour par un professeur de philosophie, une femme du monde, un prédicateur, un " bon monsieur ", un soldat qui tombe sur le champ de bataille, une putain dont le coeur est celui d'une pure jeune fille. Personnages que nous voyons évoluer sur scène. Et s'il se répand en imprécations qui troublent l'ordre public, c'est finalement la joie qui l'emporte, la joie même d'exister, de participer à " la fable du monde ".

Cette oeuvre, conçue spécialement en fonction des moyens techniques de la radio est un essai jouant sur la simultanéité des actions, des paroles, dont le lieu clos, le champ d'affrontement, se trouve être la conscience d'un aveugle. Pour lui, tous les passants, tous ceux qui le frôle et au-delà, tous les vivants sont déjà la proie du Royaume des Ombres. Aucune lumière intérieure ne les éclaire. LE BRUIT humain prend chez l'aveugle, des proportions extraordinaires. Les hommes sont sourds à eux-mêmes et à leur prochain.

Succession de tableaux, donc, de la comédie humaine, où musique, acteurs, danseurs, concourent avec bonheur à ce spectacle original.
Encore une fois, Obaldia, par son humour et sa poésie, nous convie à une fête de l'esprit.
Avec 20 artistes sur scène, Obaldia, par son humour et sa poésie, nous convie à une fête de l'esprit.