Zimmermann et Eric Séva sont graves. Et ils le savent. Eric Séva, on l'a entendu au saxophone soprano ou au ténor, il se promène très facilement d'une anche à l'autre, mais avec son baryton c'est dans le bas qu'il retrouve son collègue tromboniste, là où chaque note compte – bien plus que dans l'aigu où l'éloquence s'exprime tellement plus aisément.

C'est culotté comme démarche, en général on essaie pour un duo de marier deux instruments d'un registre différent pour tenter de couvrir le plus grand spectre possible, tandis que là ils ont choisi de se retrouver tout en bas de l'échelle sonore, deux voix graves conversant l'une avec l'autre dans le confort ouaté des profondeurs.

Livrés à eux-mêmes dans le dénuement de cette rencontre, ils réinventent à deux une façon de jouer, de souffler, de se poser pour faire entendre ce que leur instrument n'a pas l'habitude de dire et qu'ils parviennent à suggérer avec une maîtrise inédite.