Arrêtez le monde, je voudrais descendre

En 1990, après le cirque Aligre et Zingaro qu'il fabrique avec d'autres compères et hors de tous les circuits, Igor invente avec sa femme Lily " la Volière Dromesko ", acte de naissance de leur compagnie.

Dans une baraque en bois, implantée au sein du parc Georges Brassens, la petite porte mal fermée de leur manège que les chevaux de bois ont fui depuis longtemps nous laisse entrevoir des morceaux de vie. Les plaintes de la machine folle, qui ne peut s'arrêter sans savoir pourquoi elle tourne, sont des musiques qui nous tiennent éveillés.

Est-ce la terre qui tourne ou nous qui valsons ? C'est la faute à la force centrifuge si nos rêves se collent au plafond, ou peut-être à la force centripète si nous nous relâchons. La grande tournette de ferraille se refait enfin une beauté foraine, embarque le public sous ses guirlandes naïves et résonne de flonflons aigres doux pour espérer des jours meilleurs.

C'est un rêve forain, un tournis de cages à musicos et de manèges à songes. C'est aussi bien un daguerréotype du troisième type, une machine à jouer qui semble avoir été dessinée par Léonard de Vinci. C'est beau et insaisissable comme un amour furtif, c'est le nouveau spectacle du Théâtre Dromesko...

Lily sublime en chignon rouge flamboyant et robe blanche, avance à contre-courant d'une foule indifférente à têtes porcines...Fantasmatique, inquiétant, surréel comme les tableaux de Chagall où basse-cour et hommes flottent dans le même espace imaginaire.