Lucrezia, noble femme romaine, vient d'être violée par Sextus, fils du roi Etrusque occupant Rome. Elle a subi l'irréparable et s'avance sur scène pour nous raconter son histoire. Elle nous parle de sa dignité bafouée et réclame justice, passant du murmure au cri et de l'exaltation à l'abattement.

Cet épisode politique qui déclenchera l'expulsion de l'envahisseur et l'indépendance de Rome inspirera plusieurs compositeurs à l'époque baroque. Les cantates de Benedetto Marcello et Michel Pignolet de Monteclair sont de véritables tours de force pour l'interprète et nous présentent une Lucrezia d'une grande complexité psychologique, chantant jusqu'à la limite de ses forces et déjà happée par la mort. Conscients de l'importance du sujet, ces compositeurs ont écrit des monologues d'une grande intensité, où tous les sentiments du personnage sont ressentis physiquement. Les airs virtuoses et les récitatifs expressionnistes nous font suivre l'héroïne pas à pas dans ses états émotionnels extrêmes.