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Vania

mis en scène par Joséphine DECHENAUD

Picolo Théâtre, Saint Ouen

- Cet événement n'est plus disponible à la réservation dans cette salle -
une adaptation de Joséphine Déchenaud, d'aprés Tchekhov Pourquoi monter "Oncle Vania" aujourd'hui ?

Durée du spectacle : 1h 38env Quelle résonance avec le monde actuel ? L'intérêt est-il purement théâtral ?

La réponse est dans la question finalement! Nous sommes dans l'intemporel et dans l'universel puisque l'on est dans la quête d'une vie remplie, dense, accomplie, et que le temps, les contraintes, et les parcours tronqués nous rattrapent.

Vania nous ressemble parce que plus que vivre il veut exister, et quand il en prend conscience- à quarante sept an- il est déjà trop tard. Cela provoque chez lui une rage incontrôlable et parfois comique... Vania est opprimé, formaté, conditionné par son admiration pour "Sérébriakov" et il a oublié de vivre, d'exister, de créer.

Serait- ce un alibi, une lâcheté? Ou simplement un manque de vigilance?!

Dans "Oncle Vania" chacun court après son désir inassouvi:

- Elena voulait jouer du piano - Sérébriakov acheter une petite villa en Finlande - Astrov voulait Elena -Vania être un Doistoëvski ou un Schopenhauer - Sonia voulait être belle et désirée d'Astrov - Marina voulait apaiser toutes ses passions enfouies, et retrouver la paix.

Cela commence par une canicule écrasante, 40°, pas un souffle d'air, une chaleur grise, suffocante comme une chape…

Bien vu: C'est une pression intense, on attend la pluie, on espère l'orage. Il vient ; il éclate. Tchekhov a l'art de régler les états de ses personnages sur la lumière du ciel, l'odeur des cerises, la température extérieure. Chacun porte un orage en soi, et il va éclater, lui aussi.

Tchekhov a l'art de la construction: cet orage monte, le ciel est comme de l'acier, et seulement à la fin du deuxième acte… le tonnerre gronde enfin. Tchekhov a l'art de la décence: après l'orage, ce sera la paix, une douceur automnale, une paix terrible, trop calme ; une paix qui ressemble à une capitulation.

Tchekhov a l'art des contradictions: -Les excès d'oncle Vania pour désespérés qu'ils sont, prêtent à rire : Astrov exprime son intention de partir en s'asseyant, Elena repousse Astrov en se jetant dans ses bras, et Sonia parle d'une vie meilleure en pleurant. Les corps disent le contraire de ce que disent les mots...

Tchekhov, c'est la petite fête assassinée: dans "la cerisaie" le bal était raté, ici, le coup de feu ne part pas. Elena ne joue pas de piano, et la maison se vide, comme toujours, et on rie, on rie beaucoup, parce que, le rire est un antidote.

C'est cette terrible lucidité qui rend plus lisible encore la fêlure la plus cachée.

Pour nous, jouer Vania au Picolo, Dans ce lieu magique et déroutant, N'est pas seulement approprié: C'est une évidence.








Théâtre dramatique





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