Les mots résonnent entre eux, les thèmes se croisent, la langue espagnole surgit et c'est l'univers de Lorca qu'on entend.
Le flamenco est le prolongement du jeu des comédiens, le sous-texte. Ils ne dansent pas, ils vivent et leurs corps enflammés, déchirés, bafoués, explosent, frappent des pieds : un rythme naît, les mots s'y mêlent. Les chants a capella et les palmas sont eux aussi une source vive qui enflamme le spectacle.

Un petit village espagnol. Deux lavandières font la rencontre de deux saltimbanques qui les invitent à jouer avec eux des scènes théâtrales de Federico Garcia Lorca, des histoires connues de tous. Ce temps fort de jeu partagé rapproche ces personnages a priori très différents et trace le chemin d'une révolte possible.
Dans cet univers, les femmes sont poursuivies par le regard des commères, par les bien-pensants qui observent derrière leurs fenêtres le moindre geste de chacun. La tradition, modèle unique, les enferme... Mais dans l'intimité de leur chambre, rien ne peut les contraindre, ni les commères, ni la mère, ni les soeurs, ni l'homme. Justement l'homme ! Lui aussi se débat avec ses désirs et le regard de l'autre. Figure masculine que rien ne doit ébranler, il a une place à tenir sous peine de mort.
Et plus les contraintes sont fortes, plus les désirs sont grands, les âmes brûlent sous la chaleur andalouse, les corps se consument, la passion comme dernière force de vie... Il ne reste alors que la voix et la danse pour exprimer ce que les mots ne peuvent et ne doivent pas dire.

A l'issue des représentations, les acteurs peuvent échanger avec le public, engager une discussion sur les thèmes abordés dans le spectacle : le poids du sens de l'honneur et de la morale dans l'Espagne du XIXe siècle, l'interdit qui mène à la passion, à la violence des actes, la condition de la femme en France et à l'étranger aujourd'hui, la peur de l'inconnu ou encore l'intolérance.