Seulement, Strindberg choisit de confronter deux femmes, qu'il ne nomme d'ailleurs dans la distribution qu'avec X et Y. Comme si leur identité n'avait aucune importance. Pourtant, pour que l'une affirme sa puissance sur l'autre, on imagine d'abord qu'elle a une identité plus forte que son adversaire. Or, celle qui est désignée comme victorieuse par l'auteur se révèle l'être grâce à l'assimilation, l'imitation plus ou moins involontaire de la personnalité de l'autre pour l'intégrer à la sienne.

La gagnante pour Strindberg est celle qui a su s'adapter aux différentes situations, celle qui, dès le départ, semble avoir pour seul " avantage " visible celui d'avoir une famille construite avec mari et enfants. Celle aussi qui use du verbe dans la pièce, à l'inverse de Y qui ne prend pas une seule fois la parole. Avant d'atteindre cette hégémonie, elle a un évidemment un passage où doutes, angoisses, colère, trahison l'affaiblissent et la fragilisent pendant un temps, le temps de la découverte par elle-même de la vérité sur la trahison de celle qu'elle croyait être son amie avec son mari.

Chaque chose a une pause parle du processus du deuil, du temps que cela demande à recommencer à vivre normalement. Les gens ne supportent pas la douleur d'autrui, ils demandent à ce que l'on guérisse vite, et obligent presque à étouffer cette peine, à interdire de verser des larmes. Ils oublient que cette parenthèse est vitale pour se reconstruire. Chaque chose a une pause est une invitation à prendre le temps de vivre ce passage.