Cette oeuvre créée en 1920 est vue par nos yeux du XXIe siècle comme l'histoire d'un jeune poilu pendant la guerre de 1914 – 1918. Cette variation sur le mythe de Faust nous donne à voir un soldat aux airs de dormeur du val qui vend son âme au diable contre l'argent sans compter. Il en perd sa fiancée, sa mère et toute joie de vivre. En réponse au diable, incarnation du mal qui est en nous, le soldat a cette réplique qui dénonce le règne de l'argent : " je suis immensément riche, je suis mort parmi les vivants. "

La mise en scène suggère l'évocation du théâtre en plein air, notamment par l'usage d'une lumière proche de celle d'un jour d'été. La cage de scène aura été entièrement libérée pour qu'elle ne figure plus la boite scénique du Théâtre à l'Italienne. Les musiciens sont à vue, disposé au pied du théâtre de tréteaux, comme sur l'herbe. Le dialogue entre théâtre et musique laisse alors place au sens du texte de Ramuz, qui se pose au premier plan, disponible.
Le travail d'acteur sur le masque, choisi par Hubert Jappelle, évoque à priori le théâtre de tréteaux mais procède en fait d'une technique qui a à voir directement avec la marionnette. La façon de jouer, la rigueur et la précision sont celles du travail de la marionnette, que les initiés reconnaîtront. Ce jeu s'apparente aux traditions du théâtre d'Extrême Orient, un théâtre pur, très visuel.
A cela s'ajoute une marionnette traditionnelle manipulée par le récitant, copie conforme du soldat, cachée sous le même masque, dans l'abîme...