L'histoire commence par une crise et c'est une succession de ruptures qui va mettre en branle le récit.
Orlando, cadet de Sir Roland des bois, se révolte et se confronte physiquement à son frère Olivier ; celui-ci qui le déteste enjoint le lutteur de la cour de lui faire la peau ; le combat a lieu et à la grande surprise de tous, Orlando tue le lutteur.

Rosalinde, dont le père a été destitué par son frère Frédéric, lui-même père de Célia, assistant à la lutte avec sa cousine, tombe brutalement amoureuse de Orlando. C'est l'instant du coup de foudre. Peu après, le Duc Frédéric contraint sa nièce à l'exil ; Célia attachée à Rosalinde, propose la fuite ; déguisées et travesties, elles se réfugient dans la forêt d'Ardennes.

Dans le même temps, Orlando apprend que son frère Olivier veut sa mort et soutenu par un vieux serviteur, il fuit également dans la forêt. Dans cette forêt d'Ardennes, ils retrouveront la cour du Vieux Duc banni qui goûte les plaisirs et la rudesse de la vie d'exil...

As you like it, Comme il vous plaira les gars...
Cette comédie écrite par le grand Will en 1599 nous parvient enfin dans toute son insolence et sa drôlerie grâce à la pertinence de la nouvelle traduction de Pascal Collin.
Nous avons eu à coeur de mettre à jour ce qui est essentiel au théâtre de Shakespeare et au théâtre élisabéthain, à savoir l'engagement dans un rapport réel au public et au présent qui est le temps de la représentation.
La première surprise de la pièce c'est en effet qu'elle nous parle de nous. Nous, hommes et femmes en lutte avec une société essoufflée. En crise et bien vieillissante.
Imaginons qu'une certaine partie cette société malade fugue ou s'exile dans la forêt et vive son retour à la nature. Sa parenthèse. Son expérience pour mieux grandir. Et vienne à former une autre communauté, celle des acteurs et spectateurs qui embarquent un soir dans une forêt fantasque, donc un théâtre !

La deuxième surprise de la pièce c'est encore qu'elle nous parle de nous. De l'intérieur, du désir, de l'amour, de l'obsession de l'autre. De celui ou celle qu'on veut.
Il y a dans la forêt d'Ardennes un virus qui plane, une maladie d'amour qui occupe les âmes ; Orlando est malade d'amour, la passion de Rosalinde est un puits sans fond, l'amour de Célia pour Rosalinde est exclusif, Le duc ne peut se passer de Jacques, Touchstone court après Audrey, Olivier est rattrapé par l'amour, Silvius est détruit par Phébé, laquelle désire Ganymède, il y a un désir fou, l'homme est mené par ça.
Tant mieux !
Cendre Chassanne, juin 2010

Pascal Collin: traducteur
Nathalie Cau : Dramaturge
Roudoudou : création musicale
Louise Gibaud :régie son
Maurice Fouilhé : création lumière
Agnès Marin :scénographie
Céline Marin : costumes
Cécile Gentilin : perruques