Jacarandaa

Sûr : la musique de Jacarandaa s’adresse d’abord à vos hanches. Pour cause de maturation prolongée dans la marmite black music. A les voir distribuer sur scène riffs de cuivres électriques, tourneries supersoniques et lignes de basse taillées dans le groove, ça ne souffre même aucun doute.

C’est que Zouheïr Zérhouni et Jeff Joly, le binôme à double initiale qui fait battre le coeur du combo, connaît ses classiques. Le funk millésimé de Roy Ayers, Patrice Rushen ou Dexter Wansel. Les B.O blax signées Schifrin. La filière anglaise des labels Acid Jazz et feu Talkin’ Loud… Jacarandaa, les connaît sur le bout des notes -un groupe au nom végétal ne saurait renier ses racines. Et sait vous faire bouger donc. Soit. Sauf que les zigues savent la différence entre respect et excès de déférence. Révérence et copier-coller. Reconnaissance et parodie. S’ils avaient voulu resservir un Saint Groove francisé à coups de « let’s boogie », ils seraient restés dans leur cave à chanter pour leurs potes… Mais Jeff et Zouheïr pensent qu’une chanson, c’est aussi des histoires. Celles qu’on trouve le soir, longeant le bitume au clair de lune. Qu’on se raconte parfois en rêvant en à rebours. Ou qu’on cherche au fond du lit de l’autre.

Qu’il n’y ait pas de méprise : Jacarandaa ne vous vend pas non plus le cliché de la « chanson-court métrage ». Juste, leurs compos suent plus l’âme que le jam. « Do your own thing ». Ils ont dû le lire sur la pochette d’une vieille galette noire. Et servent la formule en costume huit pièces taillé sur mesures, sans s’interdire des détours acoustiques ou down tempo, Alors c’est quoi Jacarandaa ? La « nouvelle scène française » qui ne dit pas son nom ? De la variété régénérée, façon haut du panier ? Du proto -rock en habits black ? Va pour de la chanson avec des morceaux de groove dedans, comme diraient ceux qui vendent des disques comme d’autres des pots de yaourt. A moins que la vérité ne vienne encore du passé. Quand au siècle dernier, un vieux groupe lançait « I don’t know what it is, but sure is funky ».