Un mensonge de l'esprit de Sam Shepard

Un mensonge de l'esprit : un hommage à la fois au " performance art " et à l'inexplicable grandeur de l'Ouest américain... Un mensonge..., c'est comme le dit Shepard : 20 ans de travail. Comme une histoire qu'on a entendue il y a longtemps et qui, maintenant, est revenue...

Le point de départ était le chiisme incroyable entre un homme et une femme, dans lequel quelque chose est brisé d'une façon qui tue presque la chose qu'ils étaient ensemble.

C'est une pièce ambitieuse, la finale de la série des pièces sur la famille, la quintessence de son furieux passage au travers des champs magnétiques à haute turbulence des familles entrelacées.

Le texte large et long est aussi profond, mystérieux et turbulent que le Mississippi.
Un texte qui donne à voir comme en un rêve les complexités du couple, éternel moteur du drame, et ses impossibilités. La vie n'est pas comme çà, et pourtant si. " Voilà comment c'est, " nous dit Shepard, dans la foulée de son maître, après Brecht, Beckett.

Un mensonge de l'esprit est aussi un chaos originel follement désordonné de réverbérations et d'inventions qui nous offrent tissés de manière inséparable : poésie pure, action et contenu.

Un mirage aveuglant où les personnages prennent les morts pour les vivants, un frère pour un autre, les fils pour les pères, les soeurs pour les épouses, et plus bizarrement (moment de la folie), un homme est pris pour un chevreuil à la course... de cette confusion, ou plutôt cumul de confusions, émerge la sensation d'une dramaturgie inouïe et jamais vue.
Le " réel " est un rêve... et le " rêve est l'énorme réalité du vivre ; l'implacable vérité d'un noeud du sang, comme un code tribal qui nous lie, hommes ou femmes en ce mystère profond dénué de tout sens et de toutes règles, la vie ".

Autant que sa pièce la plus accessible, Un mensonge de l'esprit, est un chef d'oeuvre qui nous hante comme nous hantent ceux de Pagnol ou de Tchekhov, à travers ses qualités principales et détonantes : la charité et l'humour. Parlant des cendres de son mari, qu'elle garde sous son lit, Lorraine remarque, on ne peut plus désinvolte, " il est vachement plus léger qu'il ne l'était de son vivant ".

Jake a tabassé sa femme Beth qu'il croit morte. Lorraine sa mère le récupère chez elle ce que Sally sa soeur voit d'un mauvais oeil. Jake confie à Sally que Lorraine et son frère Frankie complotent contre lui, ne croyant pas que Beth est morte. Jake se sauve de chez lui pour en avoir le coeur net. Il se fait prendre par Mike, le frère de Beth qui demande à Jake de s'excuser officiellement. Mais tout le monde s'en fout. Beth prend Frankie pour Jake et veut l'épouser tandis que Baylor et sa femme Meg plient précautionneusement le drapeau américain.