Titans

L'un et l'autre étaient des pianistes hors du commun. L'un comme l'autre ne connut de grand succès en amour. L'un avait une tignasse, l'autre une grande barbe. Ils aimaient bien, tous deux, boire un p'tit schnaps. Ils avaient en commun (avec d'autres "B" d'ailleurs, Bach et Bartók), l'amour de la variation et de la fugue. Ils composèrent, l'un comme l'autre, beaucoup de musique inspirée du folklore. L'un était dans le vertige de la littérature, des mythes et du théâtre, l'autre non. Ils ont écrit, l'un comme l'autre, de sublimes concertos de piano et, peut-être, les deux plus beaux concertos de violon de tout le répertoire. L'un devint, par force, solitaire. L'autre, célèbre, aimant aller dîner. Ils devinrent potelés tous deux. L'un fut souvent considéré comme novateur, l'autre académique. Quels génies.

D'origine russe, Jean-Jacques Kantorow est né à Cannes. À 14 ans, il obtient son Premier Prix de violon au CNSM de Paris, dans la classe de Benedetti. Entre 1962 et 1968, il remporte une dizaine de prix internationaux dont le Premier Prix Carl Flesh à Londres. Sa carrière de concertiste l'a amené dès le début à se produire sur les plus grandes scènes internationales, donnant plus de cent concerts par an. Partout la critique est unanime et Glenn Gould a dit de lui : "Jean-Jacques Kantorow est un grand du violon, un talent époustouflant, le violoniste le plus prestigieusement original de cette génération." Parallèlement à sa carrière de soliste et de chambriste, il dirige de nombreuses formations françaises et étrangères, comme l'Ensemble Orchestral de Paris ou l'Orchestre de Chambre d'Helsinki. Il vient d'être nommé premier chef invité de l'Orchestre de Chambre de Lausanne. Un grand nombre de ses disques (plus de cent-trente au total) a été primé par des récompenses internationales.

"Zhu Xiao Mei peut tutoyer les chefs-d'œuvre… elle joue avec une distinction gourmande et lucide." Le Monde Née à Shangaï, dans une famille d'artistes, elle se produit dès l'âge de six ans à la radio et à la télévision. À dix ans, elle entre à l'École Nationale de Musique pour enfants surdoués mais ses brillantes études sont interrompues par la Révolution Culturelle, durant laquelle elle passera cinq ans dans un camp de travail à jouer du piano en cachette. En 1979, la visite d'Isaac Stern en Chine lui permet de partir pour les États-Unis où elle obtient les plus hautes distinctions, avant de se fixer à Paris en 1985. Depuis 1994, elle est régulièrement invitée par des festivals mais aussi notamment par le Théâtre de la Ville à Paris. Ses récitals sont unanimement salués par la presse. Zhu Xiao Mei est professeur au CNSM de Paris et partage son temps entre ses activités pédagogiques, ses enregistrements et ses nombreux concerts dans le monde entier.