Ce n'est pas étonnant si Jean-François Sivadier fut comédien avant d'être écrivain. Son texte est entièrement habité par cette pratique ludique de la scène : texte sur le jeu et sur les milles ressorts de l'interprétation puisqu'il s'agit d'une répétition, et texte qui joue encore avec l'espace, à en renverser les perspectives pour le spectateur : le public occupe la place de l'orchestre, et se trouve ainsi le témoin privilégié des tâtonnements de la création, des conflits et tiraillements qu'elle engendre. Mais il est encore "dirigé" par son chef ou pris à partie par les trois autres protagonistes : La diva, La jeune chanteuse et Le metteur en scène. Il y a toujours quelque chose de la comédie humaine dans l'univers de la préparation d'un spectacle. Mais cette comédie rencontre aussi la grâce quand, après une fiévreuse quête, au théâtre comme à l'Opéra, la note juste a été trouvée. Portant ici cette quête : la musique enregistrée de La Traviata qui semble venir de "l'orchestre-le-public" et qui aura raison finalement des désaccords de l'ensemble.