Internet, trafics en tous genres, terrorismes et toute sorte de machines bureaucratiques. Aujourd'hui plus que jamais, tout est affaire de réseaux. Tout est affaire d'appartenance et de non-appartenance à des réseaux. Comment s'inscrire dans un réseau déterminé? Mais aussi : comment échapper à un réseau auquel on ne voudrait pas appartenir?

L'objet des communications n'est donc pas déterminé, il semble être nouveau à chaque nouvelle communication et supposer à chaque fois une nouvelle donne. Nous ne savons pas à quel réseau appartient l'opératrice, au nom de qui elle parle et à qui elle s'adresse. Elle-même ne semble pas en être certaine. Sinon, pourquoi reprendre sans cesse ses communications? Le sens de la reprise est en effet de sélectionner les réseaux. L'opération de sélection consiste à déterminer le réseau auquel appartient, non seulement elle-même, mais encore cette assemblée qui semble être venue pour l'écouter. A chaque instant, elle doit constituer un nouveau réseau, et pour cela convoquer un public.

De l'intérieur de son délire, paranoïaque sans doute, tout se passe comme si les spectateurs étaient eux aussi les membres de réseaux plus ou moins secrets. Il se peut que nous participions en effet, sans même le savoir, à des réseaux dont les fins ne sont pas déterminées, des réseaux qui auraient gardé leur secret même pour leurs participants. Il nous arrive de l'entrevoir, mais alors nous tirons bien vite le rideau sur le secret, par une sorte de pudeur collective. Pudeur collective qu'aussi bien nous pourrions nommer notre Terreur.