Laissons les artistes se présenter. Halory Goerger : "Je construis des systèmes spectaculaires en vase clos, qui sont autant de petites maisons Bouygues dans lesquelles je ne voudrais pas vivre sauf s'il y avait le feu dedans".
On imagine que dans & quelqu'un met – au moins symboliquement – le feu. Antoine Defoort : "Je conçois en général des pièces de manière autonome (vidéos, films, son, installations, textes...) pour les agencer ensuite lors de performances transdisciplinaires hétéroclites et anti-thématiques, dans lesquelles le jean-foutre cohabite avec le bien-foutu et le tragique côtoie l'incongru.
Les ratés et les accidents sont ajustés avec soin et dessinent une ligne esthétique singulière".

On voit le genre, si l'on ose dire. Un genre entre le spectacle et la performance. Il y a d'ailleurs plusieurs versions de &. Une version " installation" où tout se reconstruit en boucle et une version scénique qui est celle que présente le Théâtre de la Cité.
& est une proposition risquée jouant sur le délicieux fil du rasoir entre savants négligés et vrais hasards dont le point de mire est de penser à notre futur, un futur lui-même tiraillé entre science et fiction, humour et mélancolie. Il y a des questions, presque morbides, comme : "Est-il judicieux de monter dans un vaisseau spatial voué à coloniser l'espace, si c'est pour mourir de vieillesse avant d'être arrivé à mi chemin ? "
Et des réponses qui empruntent à tous les styles : performances chorégraphiques ou vocales, auto-filmages, et même recours aux archaïques, mais toujours charmants, films de cape et d'épée.