Rien de plus quotidien, et banal même, si ce n'est l'étrangeté qui se noue peu à peu entre les êtres. Une étrangeté qui, chez Crimp, se construit à travers le langage.

Mike et Liz forment un couple sympathique.
Ils ont un bébé, gardé par une jeune fille au pair italienne. Ils tiennent à vendre leur bien dans des " conditions honorables ", morales pourrait-on dire ; ils manifestent pour Claire une sympathie réelle.
Mais à l'épreuve de la transaction, ils foulent leurs principes éthiques et font apparaître crûment leurs névroses. Le langage se révèle alors dans toute son ambiguïté : plus qu'un moyen de communication, Crimp en use comme d'une arme dont la précision presque maniaque amplifie la dangerosité.

Oscillant entre l'intrigue policière et le drame psychologique, "Claire en affaires" se révèle comme une pièce sur la banalité du mal. Crimp raconte la violence de notre temps, même chez ceux qui nous ressemblent. Il nous donne à voir une part de nous-mêmes, d'autant plus effrayante qu'elle nous est familière.

Dans l'Angleterre des années 80, une banale transaction immobilière devient grâce à l'écriture de Martin Crimp un drame psychologique captivant.