Sa construction est pour le moins complexe et singulière: un premier acte qui a valeur de prologue, les 3 suivants qui se veulent comédie, et le dernier, enfin, d'essence tragique. A une époque où la qualité d'une oeuvre est autant appréciée pour sa forme, consensuelle et codifiée, qu'à la subtilité de ses vers, et où s'opposent aux puristes de la forme tragique les débonnaires de la tragi-comédie, Corneille goûte autant au risque de conforter ses détracteurs qu'à celui de dérouter un public aussi averti que censeur.

S'il utilise des procédés déjà employés comme le théâtre dans le théâtre par Shakespeare, au plus proche de lui par Georges de Scudéry- La Comédie des comédiens- (1633), Corneille semble pourtant moins s'intéresser à faire l'éloge du comédien que l'apologie du théâtre en tant que révélateur des paradoxes du pouvoir et de ses enjeux. Le titre lui-même est un pléonasme qui porte la nature de l'art théâtrale à son paroxysme car au final, le théâtre dans cette oeuvre est partout, symbolisé par l'omniprésence d'un Matamore peu habitué à tant d'égards littéraires dans le registre populaire et traditionnel de la commedia dell' arte.

L'Illusion comique est un feu d'artifice(s) sans équivalent d'un bout à l'autre de la pièce, une fantaisie ...