L'absurde devient réalité. Les armes de l'humour, tragédie. Les logiques les plus carrées côtoient les fantasmes les plus débridés. L'insoutenable vire à l'éclat de rire (et réciproquement).

Les textes courts et variés de Daniil Harms couvrent un spectre théâtral très riche qui allie l'humour, l'absurde et le tragique, fondé sur la force des mots mais aussi sur la force des images. Pour jouer Harms, il faut à la fois pouvoir jouer Feydeau et Kantor, Beckett et Tchékov. A la fois errants et enfermés, les 4 personnages sont toujours présents sur le plateau. Au gré de rencontres fugitives, ils se cherchent ou s'affrontent, se racontent, jouent parfois au théâtre ( 3 petites pièces hilarantes ). Ils s'accrochent à de vieux meubles ou objets, bouées dérisoires. Ils s'illuminent sur des envolées musicales : choeurs de l'armée soviétique, fêtes Tziganes, petites pièces de Chostakovitch.

Le fond de l'histoire: L'excentrique HARMS ne parle, sans le nommer, que du rouleau compresseur d’ un système idéologique qui n’ offre aucune alternative. S'il provoque en nous tant de résonances, c'est, peut-être, qu'avec un visage, certes, bien différent, notre époque semble n'offrir pour avenir qu'un tunnel à voie unique.