Lorsqu'il écrit La Petite Fille aux allumettes en 1845, le Danois Hans Christian Andersen, longtemps resté incompris dans son pays, est loin d'imaginer que son conte allait lui survivre aussi longtemps.
Il écrit cette histoire en souvenir de sa grand-mère, que ses parents envoyaient, enfant, mendier dans les rues. Depuis, cet émouvant récit a connu de nombreuses adaptations (au cinéma bien sûr, avec Renoir et Kaurismäki entre autres, dans des romans, en bande dessinée...).

Aujourd'hui, la compagnie La Piccola s'inscrit dans cette prestigieuse lignée, livrant sa propre interprétation du conte, sous la forme d'un opéra à deux voix et un piano.
Noëmi Waysfeld est la petite fille.
De sa voix traditionnelle, grave et sombre, elle incarne la dure réalité de la rue, à travers des chants populaires russes et yiddish. Sa soeur Chloé, soprano lyrique, figure l'irréel, l'imaginaire, les rêves de la petite fille.
Au centre, le piano, immobile, fait le lien entre les voix, les personnages, les différents temps du récit. Le choix graphique du noir et du blanc pour l'ensemble de la scénographie rend les apparitions de couleurs, liées aux hallucinations de la petite fille, presque fantastiques.

Cette adaptation, qui met en avant la découverte du chant, est un bel hommage à Andersen, qui rêvait de devenir chanteur d'opéra, mais qui, rejeté par le milieu, se tourna finalement vers l'écriture.