Une roi obsédé par sa postérité qui gouverne sa conduite sur le qu’en-dira-t-on, une reine nymphomane et fantasque, un ministre corrompu mais saint, un fils de ministre immature et peureux, une maîtresse arriviste et râleuse.
Edité tardivement, le « Bon roi Dagobert » est une pièce peu connue de Jarry que le public n’a jamais l’occasion de voir sur scène. La profonde culture rabelaisienne de Jarry, son souhait inabouti d’écrire un « Pantagruel », le don prodigieux qu’il partage avec Rabelais pour l’invention verbale, la création de figures légendaires, la bouffonnerie, enfin un univers moyenâgeux et grotesque commun à « Pantagruel » et au « Bon roi Dagobert » font que ces deux oeuvres peuvent naturellement s’associer pour former un joyeux spectacle.
Ainsi nous suivons les aventures de cinq personnages - six si nous comptons le frère jumeau d’Eloi - qui empruntent tantôt les mots de Rabelais, tantôt ceux de Jarry. Au premier abord le royaume de Dagobert peut paraître mal en point : un roi obsédé par sa postérité qui gouverne sa conduite sur le qu’en-dira-t-on, une reine nymphomane et fantasque, un ministre corrompu mais saint, un fils de ministre immature et peureux, une maîtresse arriviste et râleuse... Tout bien considéré, ce royaume témoignerait plutôt du caractère universel et intemporel de la nature humaine. Ce microcosme grotesque nous renvoie au spectacle même de notre monde, à sa brutale vérité. Mais une vérité dont nous nous raillons joyeusement, conviés à cela par la truculence du langage de Jarry et de Rabelais.