Lucile est promise à Damis. Damis à Lucile. Tout irait pour le mieux si ce n'est que nos deux jeunes gens ont de la liberté d'esprit et de l'indépendance : ils sont fermement réticents à l'engagement du mariage. Ce qui a été décidé ne saurait avoir lieu. Ils se le jurent mutuellement.
Las ! dès le premier regard échangé, le désir est là, qui les saisit. Les voilà pris au piège de leur serment. Comment faire pour ne rien montrer ? Comment surtout ne pas parler le premier ? Comment faire comprendre sans perdre la face ? Peuvent-ils se fuir ainsi longtemps ?

Il leur faudra bien les cinq actes de la pièce de Marivaux pour passer du " non, je ne veux pas aimer " au " oui, je vous aime ". Chacun sent le bouleversement intime que l'autre a provoqué, mais aucun des deux ne veut l'avouer en premier. Ils ne peuvent le cacher. Ils ne veulent pas le dire. La parole ne peut être reprise, elle enferme dans son cercle magique les coeurs prisonniers.

C'est tout le charme de cette machine théâtrale très subtile qui oscille sans cesse entre cacher et montrer, entre taire et dire. Mais le plaisir ne tient pas seulement au jeu auquel se livrent les deux êtres au bord de s'aimer.
La pièce dit aussi le combat que mènent les personnages avec eux-mêmes, avec leur amour propre, avec la peur d'aimer.
De là naît le trouble, le mystère mais aussi le rire, car derrière la virtuosité de cette langue, il y a l'ironie tendre d'un regard.