Le roi des bons

Léon était si beau qu'il passait des heures à se regarder dans la glace et la seule chose qui l'intéressait, c'était d'être le plus beau. Il était d'ailleurs très sévère.
Si jamais quelqu'un s'avisait d'être plus beau que lui, il envoyait ses soldats et faisait couper la tête du bel homme. Aussi personne n'avait envie d'être plus beau que le roi, et les gens du royaume s'arrangeaient pour s'enlaidir autant qu'ils le pouvaient.
Ils se collaient des verrues en caoutchouc sur le menton, des dents de pirate, des faux nez et des tire-bouchons dans les oreilles.
Chaque jour, le roi se promenait dans le pays pour vérifier s'il était toujours le plus beau et, lorsqu'il voyait ses sujets, tordus, bancals, mités, coiffés en hérissons ou rabougris comme de vieux rats, il se déclarait satisfait et distribuait des pièces d'or.
[...] Mais, dans le royaume, il arriva un moment où les gens s'étaient tellement bien enlaidis, en se faisant des taches de gras sur leurs habits, en gardant leurs ongles aussi noirs que possible, en ne se lavant jamais les oreilles et en se fourrant des touffes de poils dans le nez... que finalement il se passa quelque chose de terrible...
Éditions Gallimard, 1985, collection Folio Cadet premières lectures N°38, 2010.

Créé en 1989, Le roi des bons demeure l'une des plus belles réussites du spectacle de danse pour enfants.

Avec cette adaptation du roman d'Henriette Bichonnier, Bernard Glandier, danseur pour la Compagnie de Dominique Bagouet avant de devenir chorégraphe, faisait une incursion fracassante dans le domaine du jeune public.

Recréé vingt ans plus tard par Sylvie Giron, ce spectacle pour huit danseurs reste une féerie chorégraphique où rien n'est trop beau, où la qualité du geste, le rythme de la danse, la beauté des costumes, l'ingéniosité des décors, concourent à en faire un petit bijou.


Chorégraphie : Bernard Glandier.