Seul Ravel pourrait y prétendre : il est né à Ciboure, au Pays basque, non loin de la frontière. Et pourtant ce concert dégage une chaleur pleine de sensualité et de soleil. En ce tournant de siècle, entre 1871 et 1914, la musique française a le regard tourné vers l'Espagne. Est-ce une attirance sincère ou une réaction nationaliste à l'influence germanique qui envahit l'hexagone en passant par la Belgique ?
Qu'importe, le résultat est là : dès 1874, le ton est donné, avec notamment les succès, à un mois d'intervalle, de Carmen de Bizet et de la Symphonie espagnole d'Édouard Lalo. Né à Lille, Lalo n'a, malgré les rumeurs que fit circuler son fils après sa mort, aucune ascendance ibérique. Mais il a pour l'occasion un soliste d'exception : Pablo de Sarasate, dédicataire et créateur l'oeuvre. Jules Massenet ne peut en dire autant, lui dont l'Espagne dépeinte dans son Cid n'est finalement qu'une relecture de celle de Corneille.
Chabrier, quant à lui, passa un long séjour dans la péninsule avec sa famille — et c'est ce séjour qui lui inspirera España —, alors que Debussy n'y mettra jamais les pieds — et pourtant comment ne pas entendre l'Espagne dans sa musique : même le compositeur andalou De Falla s'y laissera prendre.

Maurice Ravel: Alborada del gracioso / Boléro
Emmanuel Chabrier: España
Edouard Lalo: Symphonie espagnole
Jules Massenet: Le Cid (Suite de ballet)
Claude Debussy: Iberia

Les Siècles, François-Xavier Roth (direction), Tedi Papavrami (violon)