Où se loge notre responsabilité dans un monde qui cloisonne de plus en plus les tâches de chacun et tend à nous déposséder du sens de notre action ? Sur la scène, transformée en garage, un mécano répare le moteur de sa bécane tout en démontant les mécanismes qui font des travailleurs contemporains des hommes-machines privés de savoir être.

Ce philosophe-ouvrier joint les gestes à la parole pour développer son plaidoyer en faveur de l'activité manuelle. Intelligence du corps aux prises avec la bécane rétive, lutte physique de la pensée, présence ardente de l'homme investi dans son métier. Le travail s'en trouve "réincarné", et déploie toute sa complexité humaine.

A l'épreuve du plateau : un matériel hybride, moteur du travail théâtral tel que le conçoit Marc Baylet-Delperier. Dans le désordre, on trouvera une carcasse de moto, de la limaille et de la graisse, l'essai de Mathiew Crafword "Eloge du carburateur" mâtiné de textes empruntés à Maurice Blanchot, Cesare Pavese, des extraits d'évasions filmiques, des vrombissements entrecoupés de Schubert, et un acteur...

Seul en scène, Philippe Hérisson devient lui même un rouage de cette machine théâtrale qui traque le vivant dans un monde où tout tend à se réifier, défi qui se rejoue à chaque représentation.

Philippe Hérisson (jeu et chant)
Thomas Godefroy (objets, mécanique et régie générale)
Marc Ginot (collaboration artistique et technique)