A l’occasion du festival Reims à scène ouverte, Emmanuel Demarcy-Mota et le collectif artistique de la Comédie de Reims proposent chaque année, avec la complicité d’André Velter, un "chantier" mis en espace autour de la poésie regroupant acteurs et musiciens. Il nous propose une reprise exceptionnelle au Théâtre de l’Ouest Parisien, du travail de cette année, autour de la poésie Hongroise. Poètes hongrois et tziganes de Hongrie, de Transylvanie ou des Balkans, tous ont traversé à cloche-pied un siècle de déchirements et d’espoirs piétinés, passant d’un régime impérial à des dictatures successives avant d’être engloutis par l’univers autrement meurtrier de la marchandise | “Il était bêtement naïf de croire que la poésie puisse agir sur les crocodiles”, constatait Ottó Orbán aux temps derniers du communisme. C’est pourtant toute la poésie hongroise, d’Endre Ady à János Lackfi, de Milán Füst à Attila József, Miklós Radnóti, Sándor Rákos, János Pilinszky, György Raba ou Zsuzsa Rákovszky qui a relevé ce défi: “agir sur les crocodiles”, agir contre tout ce qui apparente la vie à un séjour dans le marigot social, agir pour briser les carcans géographiques, les camisoles de force idéologiques, agir pour en finir avec les frontières sur terre et dans les têtes.