C’est dans une anthologie intitulée American Indian Prose and Poetry que Stockhausen a puisé les textes des prières de ses « lieder indiens » (Indianer Lieder, 1972). Douze « scènes » qui s’enchaînent, douze chants habités par des onomatopées et des cris, douze duos pour deux voix composés sur un nombre croissant de notes et dessinant un parcours allant du rêve à la « vision » finale, en passant par l’amour, la guerre, la mort, le brouillard ou l’évocation de l’oiseau quetzal… Le développement scénique de la partition de Stockhausen conçu par Christine Dormoy en est une spatialisation de vingt-quatre chants consécutifs, interprétés à quatre voix duelles.

Suivent les chants du choeur David Hykes & the Harmonic Choir : là aussi, les voix se dédoublent, selon une technique singulière qui, à partir d’une fondamentale richement timbrée, fait apparaître un jeu d’harmoniques cristallines. Véritables pionniers d'un nouveau chant sacré universel, les membres du Harmonic Choir forgent le son d'une façon unique, comme hors du temps, pour donner vie à des possibilités vocales jusqu'à là jamais exprimées. Le travail polyphonique dans les deux sens (avec les harmoniques et les sous harmoniques), la finesse de l'intonation juste (non tempérée), et maints autres aspects uniques, créent une masse sonore d'une richesse insoupçonnée. Les compositions de David Hykes sont destinées à donner vie à cette polyphonie unique. L'exploration du son se nourrit avant tout du partage d'une écoute mutuelle, liant le public et les interprètes, accédant ainsi à une dimension musicale profondément contemplative.