"La vie n'est qu'une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien." (Shakespeare, in Macbeth)

Dans un temps et dans une ville indéterminés, deux anarchistes, Sarah et Rebka, habitantes d'un squat, projettent d'assassiner le chef de l'état . Elles se trouvent aux prises avec des fantômes surgis du passé, figures de paix ou de guerre, revenus exprimer leur aspiration à l'amour ou à la haine.

Nourri de réflexions relatives aux guerres passées ou récentes, désireux de se fonder sur la conscience du caractère absolu d'épisodes comme la Shoah, le travail de Soleil de Guerre questionne le sens de la vie d'une manière volontairement vindicative et provocatrice, en procédant à la manière de ces expériences scientifiques dans lesquelles on sollicite un élément jusqu'aux limites de sa résistance afin d'en définir les propriétés fondamentales.

La pièce exprime d'une façon claire le désir d'en découdre avec les systèmes philosophiques, politiques ou religieux qui ont tenté de s'annexer le coeur humain, au mépris de sa complexité et de ses aspirations profondes.

Les apparitions qui viennent hanter Sarah et Rebka gisent pêle-mêle au fond du squat ; anges de la paix ou ange de la destruction, victimes ou bourreaux, elles se présentent tour à tour devant les deux conspiratrices, à la manière des damnés qui, dans la Divine Comédie, surgissent devant Dante pour dire la raison de leur présence en Enfer. Ainsi apparaissent une mercenaire ukrainienne, une déportée juive, une kapo allemande, une princesse druze ; deux personnages carnavalesques, l'une française et l'autre anglaise, une chanteuse lyrique, et un avatar en 3D.

Soleil de Guerre, au delà du climat apocalyptique qui la traverse d'un bout à l'autre, donnant à sa vision un caractère pessimiste voire désespéré, s'applique à exprimer quelques unes des questions fondamentales de l'existence, se refusant à leur attribuer une réponse à échelle humaine.

Ainsi, chant, danse, dramaturgies musicales et vocales, veulent-ils concourir à donner une voix à ceux qui n'ont plus de voix, et, l'espérons nous, un coeur à ceux qui l'ont perdu.