Son premier bel album, dont le titre s'inspire de la plus célèbre toile de Tarsila do Amaral, "Abapuro", ce manifeste pictural du mouvement anthropophagique, prônait l'assimilation des influences étrangères au service de thématiques purement brésiliennes (un mouvement conçu par Oswald de Andrade, époux de la propre Tarsila). Et après l'écoute de l'album, c'est bien de cela dont il s'agit : de nombreux rythmes du monde au service d'une musique qui sonne profondément brésilienne.

"Abapuro" impressionne par la qualité des compositions de la chanteuse - qui signe six des onze titres, seule ou en collaboration-, les arrangements instrumentaux exquis et une voix qui s'incorpore à tout les rythmes. Parfois hypnotique et légère, mais aussi puissante quand c'est nécessaire. L'album flirte avec le blues (Ioio), le tango (Relato), le rock (A Cidade), le jazz (Infinito plural), la musique deconstruite (Samba do apocalipse), le reggae (Um Pedaço) ou tout simplement des ambiances plus bucoliques et régionales, ponctuées par la légereté des percussions, du piano, de la flûte ou des violons (Enquanto o cais, Abapuro, No Mar). Un bel album qui se dévoile à chaque écoute et qui trouve une résonance encore différente sur scène... Comme la voix de Laura.